Deux cents millions de malades dans le monde, deux millions en France et cela ne cesse d'augmenter : le diabète est le mal du XXIe siècle. Les conseils pour prévenir le diabète de type 2 et mieux le vivre une fois qu'il est installé.
Ok, mais c'est quoi exactement?
Le mot diabète évoque une panoplie de choses fort peu sympathiques : privation de sucre, mesure quotidienne de la glycémie, piqûres d'insuline...
Mais le diabète de type 2 est rarement fidèle à ce cliché, du moins au départ. "On parle de diabète dès lors que le taux de sucre dans le sang atteint ou dépasse 1,26 g/L, à jeun, explique Marc Popelier, médecin spécialiste en diabétologie. Ce chiffre correspond au seuil à partir duquel il y a des risques de complications au niveau de la rétine."
L'ennui, c'est qu'à ce stade, le diabète est souvent asymptomatique. Il faut attendre que le taux de sucre, ou glycémie, atteigne 2 g/L pour voir les premiers signes apparaître et cela signifie alors que le diabète est déjà bien avancé. Contrairement au diabète de type 1, qui apparaît souvent de façon spectaculaire, celui de type 2 est plutôt rampant. C'est que le mécanisme est différent. Dans le premier cas, qui ne concerne que 10 % des malades, l'hyperglycémie est due à une carence absolue en insuline (secondaire à la destruction des cellules du pancréas qui produisent l'insuline). Or l'insuline permet au sucre d'être utilisé par les cellules pour fonctionner. Sans cette hormone, le sucre reste donc dans le sang, d'où le taux élevé. Simple et direct.
Facteur héréditaire
En France, 600 000 malades s'ignorent
A l'inverse, plusieurs facteurs interviennent dans le diabète de type 2, également connu sous le nom de diabète gras. Le foie se met à fabriquer trop de sucre pour que tout puisse être assimilé et utilisé par les muscles. Du coup, le pancréas ne parvient pas à produire assez d'insuline pour éliminer le sucre présent en excès dans le sang. Parallèlement, l'insuline devient moins efficace. "On compare souvent ce phénomène à une clé et une serrure qui fonctionneraient mal", explique le Dr Popelier. La clé c'est l'insuline, la serrure, les cellules. Pour une raison génétique encore mal connue, la clé n'est pas tout à fait adaptée à la serrure. Au début, ça passe quand même. Mais avec le vieillissement, le système s'encrasse et rouille : la clé ne parvient plus à ouvrir la serrure. " S'ensuit donc une augmentation progressive du taux de sucre dans le sang : c'est le début du diabète. Le phénomène peut être enrayé mais les pertes de capacité de l'insuline ne seront jamais restaurées.
Cette forme de la maladie concerne environ 90 % des diabétiques et c'est elle qui est en pleine expansion. Aujourd'hui, 200 millions de personnes sont malades à travers le monde et certaines études estiment qu'elles seront 330 millions d'ici 2025, soit environ 6 % de la population mondiale. En France, 2,7 millions de personnes sont malades. On estime que 600 000 personnes seraient diabétiques en l'ignorant. Le coût du diabète, deuxième affection de longue durée après le cancer, est de 6,7 milliards d'euros par an. Ce type de diabète est lié à plusieurs facteurs, dont le premier est héréditaire. "Plusieurs gènes interviennent, explique Marc Popelier. Au total, cela crée une sorte de terrain favorable au diabète mais ce n'est pas la seule cause, loin de là." Un enfant dont l'un des parents est diabétique a ainsi 30 % de risques de le devenir, 50 % si les deux parents sont atteints. Les facteurs environnementaux jouent un rôle prépondérant. Ainsi, une majorité de patients diabétiques sont en surpoids, voire obèses. "C'est la graisse abdominale, notamment, qui est particulièrement mauvaise, souligne Marc Popelier. Elle freine l'action de l'insuline." La sédentarité constitue également un terrain favorable au développement du diabète.
Dépistage
Le meilleur moyen d'empêcher le diabète d'évoluer, c'est de le diagnostiquer le plus tôt possible. Pour ce faire, une simple prise de sang, effectuée à jeun, suffit. Elle permettra de mesurer le taux de sucre.
L'indice normal de glycémie se situe entre 0,7 g/L et 1 g/L. On commence à parler de diabète à partir de 1,26 g/L. La plupart des symptômes liés au diabète apparaissent à partir de 2 g/L, soit en moyenne cinq ans après le début de la maladie.
Une vie plus active
Parallèlement, adopter une alimentation saine et équilibrée et pratiquer régulièrement une activité physique ou sportive sont les clés pour stabiliser la glycémie. Avant toute chose, l'arrêt du tabac est impératif. Le diabétique en puissance décuple les risques de tomber malade s'il continue à tirer sur la cigarette. En fait, le tabac aggrave les risques liés à la maladie : complications cardio-vasculaires, artérielles, rénales. Pourtant, les diabétiques fument autant que l'ensemble de la population. Pratiquer une activité physique est primordial. En effet, une baisse du poids aide à la stabilisation de la glycémie. On sait aujourd'hui que le surpoids ou l'obésité sont des facteurs de risque importants du diabète de type 2 : 80% des diabétiques de type 2 sont en surpoids ou obèses. L'activité physique permet de brûler les graisses et fait également travailler l'appareil cardiovasculaire, baisser la pression artérielle et le taux de lipides. Bref, que du bon ! Mais quel sport pratiquer ? Les fameuses trente minutes de marche rapide quotidienne font l'affaire. Ceux qui auraient envie d'aller plus loin, notamment pour perdre du poids, peuvent s'essayer à une activité plus intensive. "Les sports les plus bénéfiques sont les sports d'endurance, commente Marc Popelier. Le jogging, la natation, le vélo. L'idéal en matière de fréquence, c'est de pratiquer au moins 2h30 d'activité physique d'intensité modérée par semaine tout en conservant les habitudes alimentaires. Dernière bonne résolution à adopter : un rythme de vie RE-GU-LIER. Eviter les fêtes jusqu'à pas d'heure, les repas sautés ou au contraire trop copieux. Garder au maximum, d'un jour sur l'autre, ses heures de repas, de lever et de coucher permet au corps de mieux se réguler.
Se protéger grâce à l'alimentation:
Empêcher l'apparition du diabète grâce à un mode de vie adapté, c'est possible ! Zoom sur les mesures diététiques à mettre en place.
Le sucre n'est pas le premier en cause dans l'apparition du diabète.
Des études américaines l'ont prouvé : "Des personnes qui avaient un terrain favorable au diabète ont suivi un programme adapté, incluant une alimentation équilibrée et de l'exercice physique. Leur risque de déclarer un diabète a chuté de moitié", s'enthousiasme Marc Popelier. Surveiller son alimentation ne veut surtout pas dire se priver mais tout simplement faire des repas équilibrés. Contrairement à une idée reçue, le sucre n'est pas le premier en cause dans l'apparition du diabète. Les nutritionnistes affirment même que les sociétés occidentales n'en consomment pas assez. Ceci dit, certains aliments tels que le pain ou les pommes de terre sont à consommer avec modération car hyperglycémiants. Mais ce qui pose problème, ce sont les lipides, présents en grande quantité. "D'une manière générale, notre alimentation est trop riche en graisses saturées. On les retrouve dans tout ce qui est bon au goût : charcuterie, fromage, viande grasse, etc." Les recommandations nutritionnelles pour les personnes prédisposées au diabète varient donc peu des recommandations traditionnelles pour être en forme. Il y a d'abord les fameux cinq fruits et légumes par jour. Ca commence à rentrer : cinq portions de fruits et légumes au quotidien, c'est bon pour le cœur, pour les artères, pour la ligne, pour lutter contre le cancer et plein d'autres maladies. Et en plus, c'est bon, alors pourquoi se priver ? Lever le pied sur les graisses, notamment les huiles d'assaisonnement mais aussi celles des viennoiseries, charcuteries, fromages et autres réjouissances pourtant si agréables au palais. Ce sont elles qui viennent se loger au niveau de l'abdomen et empêchent l'insuline de fonctionner normalement. Limiter la consommation des sucres simples que l'on retrouve dans les sodas, les bonbons, le sucre du café, etc. Eviter la viande rouge et plutôt manger du poisson deux fois par semaine. Moins gras que la viande, il apporte lui aussi nombre d'éléments essentiels au bon fonctionnement de notre organisme. Répartir la consommation de féculents (le célèbre quatuor riz, pain, pâtes, pommes de terre) de façon harmonieuse sur les trois repas de la journée. Enfin, certains vont sans doute trouver cela malheureux, mais l'alcool est aussi à limiter : deux verres par jour pour les femmes, trois pour les hommes, au maximum pour les personnes en bonne santé. Celles qui se savent prédisposées au diabète doivent encore réduire, voire proscrire. Non pour son apport en sucre, contrairement à une idée reçue (le sucre s'est précisément transformé en alcool) mais pour sa teneur calorique, très élevée.
Il est recommandé aux personnes en surpoids de suivre dans les premiers temps un régime un peu plus contraignant, afin de perdre quelques kilos. Cela ne doit pas se faire sans les conseils avisés d'un spécialiste.